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Sarah Kane: Dramaturgie de la Violence
INTRODUCTION

Sarah Kane est particulièrement connue pour son entrée dans le théâtre contemporain avec sa pièce Blasted, qui déclencha des critiques extrêmement violentes, et pour son suicide, qui mit fin à sa carrière le 20 février 1999. Ces deux événements ont fortement marqué le théâtre contemporain anglais. Toutefois, ils ne doivent pas influencer la lecture de son œuvre, et faire de l'ombre à ses pièces.

Cette jeune auteur, est née le 3 février 1971 à Kelvedon Hatch, à côté de Brentwood dans le comté d'Essex. Sa mère est professeur et son père journaliste pour le Daily Mirror. Sarah Kane reçoit une éducation chrétienne et elle s'oriente vers l'évangélisme à son adolescence. Elle suit les cours de l'établissement secondaire polyvalent de Shenfield, où elle écrit des nouvelles et des poèmes:

"It never occurred to me to write a play at that stage, probably because it's quite hard to sustain any piece of writing when you're that young." [ref 0-1]

Toutefois, Sarah Kane s'intéresse déjà de près au théâtre, encouragée par ses professeurs:

"My English and drama teachers were excellent - I was encouraged to read and write and act, which were the things I wanted to do." [ref 0-2]

Après le lycée, elle décide de suivre une formation de comédienne à l'Université de Bristol. Elle continue à écrire en parallèle, et commence à travailler la mise en scène. Elle joue le personnage de Bradshaw dans Victory, la pièce d'Howard Barker:

"[it] was an unusually brilliant experience. His control of language is just extraordinary and I think I loved him all the more because none of the teaching staff seemed to share my enthusiasm." [ref 0-3]

Après cette expérience, Sarah Kane arrête de jouer et se penche davantage sur le travail de mise en scène. Elle s'attelle à l'écriture de trois monologues de vingt minutes: Comic Monologue, Starved, et What she said. Enfin, la dramaturge quitte Bristol en 1992 après avoir obtenu son diplôme avec mention. Au cours de l'été, elle découvre sur scène Mad de Jeremy Weller à Edinbourg:

"[...] the night I saw it I made a decision about the kind of theatre I wanted to make - experiential." [ref 0-4]

En 1992, Sarah Kane commence une maîtrise de littérature à l'Université de Birmingham, une façon pour elle de pousser plus loin son désir d'écrire:

"[it] seemed like the best way to get funding for another year before signing on. I needed to find out if I could write a full-length play with more than one person in it - to get a grant for doing that was ideal." [ref 0-5]

Cependant, elle ne se reconnaît pas dans la vie académique:

"Inevitably what you're studying is what's already been discovered. As a writer, I wanted to do things that hadn't been done, to invent new forms, find new modes of representation. So sitting in seminars discussing the three-act structure switched me off completely." [ref 0-6]

Toutefois, cette année constitue une période cruciale dans la carrière de Sarah Kane puisqu'elle écrit la première partie de Blasted, jusqu'à l'entrée du soldat.

L'artiste déménage ensuite à Londres et commence à travailler en tant qu'assistante littéraire au Bush Theatre, tout en achevant l'écriture de sa pièce. Suite à la lecture de sa première version au Royal Court Theatre en 1994, mise en scène par James Macdonald, elle écrit la version finale de sa pièce.

Lors de sa première production un an plus tard par le même metteur en scène au Royal Court Theatre Upstairs, la pièce fait scandale. Les médias s'insurgent. Le journaliste du Daily Mail, Jack Tinker - dont l'un des personnages de Cleansed portera le nom - écrit un article où il attaque la pièce sans merci avec un titre choc: "This Disgusting Feast of Filth." [ref 0-7]

Billington Review

Sheridan Morley du journal Independant on Sunday, affirme que le Court Theatre ferait mieux de fermer pendant l'hiver plutôt que de programmer Blasted. On pourrait comparer l'accueil réservé à la dramaturge à celui qui a été fait à Edward Bond, trente ans auparavant avec Saved. Sarah Kane ne s'attend pas à une telle réaction de la presse:

"Personally, I think it is a shocking play, but only in the sense that falling down the stairs is shocking - it's painful and it makes you aware of your own fragility, but one doesn't tend to be morally outraged about falling down the stairs."
[ref 0-8]

Elle se trouve directement attaquée. On la définit comme une auteur "déprimante", "choquante" et "dégradante". Sa condamnation semble alors unanime: la pièce est incohérente et sa violence gratuite.

Toutefois, les critiques sont tout de même divisées et certains articles, comme celui de Louise Doughty du Mail on Sunday, défendent la dramaturge. John Peter du Sunday Times écrit: "We need these moral ordeals. Theatre is only alive if it is kicking." [ref 0-9] Sarah Kane, elle, s'indigne du fait que sa pièce ait fait couler plus d'encre que le viol et le meurtre d'une adolescente, le même jour:

"The thing that shocks me the most is that the media seem to have been more upset by the representation of violence than with the violence itself." [ref 0-10]

Toutefois, si la majorité de la presse britannique s'enflamme, en parallèle, de grands auteurs du théâtre contemporain anglais soutiennent la dramaturge.

Edward Bond Edward Bond insiste sur la qualité de la pièce et à Harold Pinter d'affirmer: "[Sarah Kane is] facing something actual and true and ugly and painful." [ref 0-11] Harold Pinter

De plus, si les journaux font beaucoup de bruit, l'accueil du public, lui, est différent:

"It's important not to confuse press with audience. There was media outrage, but it was never a public outcry." [ref 0-12]

La seconde pièce de Sarah Kane, Phaedra's Love, est mise en scène seize mois après Blasted, au Gate Theatre de Londres en mai 1996. En apparence, la pièce semble très différente de Blasted. Il s'agit cette fois-ci d'une commande. Sarah Kane propose sa version du Phèdre de Sénèque, et décide de la mettre en scène elle-même:

"[...] in lots of productions of Blasted, sometimes I was looking at the stage and I wasn't seeing exactly the images I'd written. And so I thought if I direct Phaedra's Love myself there's no one to blame. If the image doesn't happen it's completely my own fault and I find out how difficult it is." [ref 0-13]

L'auteur passe alors de la guerre civile de Blasted à une guerre familiale. Phaedra's Love se situe toutefois dans la continuité de sa première pièce: le monde qui peuple la scène est violent et extrême. C'est aussi la première fois que Sarah Kane aborde explicitement un thème que l'on retrouvera toujours au cœur de son œuvre: l'amour. La presse est cette fois plus partagée que pour Blasted, mais l'auteur n'est pas vraiment prise au sérieux par les critiques. Charles Spencer affirme: "It's not a theatre critic that's required here, it's a psychiatrist" [ref 0-14], tandis que Samantha Marlowe s'enthousiasme: "Kane challenges theatrical conventions in a witty, intelligent and mischievous fashion." [ref 0-15]

En octobre 1997, la dramaturge met en scène Woyzeck de Büchner au Gate Theatre. Cependant, sa réputation d'auteur scandaleux continue à lui coller à la peau. Lorsque sa troisième pièce, Cleansed, est présentée au Royal Court Theatre Downstairs, en mai 1998, de nombreux critiques ne peuvent s'empêcher de mettre à nouveau dans les mémoires de leurs lecteurs l'accueil qui lui fut réservé à ses débuts, d'autant plus qu'il s'agit à nouveau d'une mise en scène de James Macdonald. Robert Gore-Langton du Daily Express décrit la pièce comme "the most vicious play of the decade." [ref 0-16]

Depuis l'automne 1996, Kane travaille également pour Paines Plough, un nouvel atelier d'écriture implanté à Londres. Elle écrit alors Crave, qu'elle présente sous le pseudonyme de Marie Kelvedon, certainement pour échapper à l'influence du phénomène causé par Blasted. La pièce est mise en scène par Vicky Featherstone au Traverse Theatre d'Edinbourg en août 1998. Sa forme est très différente des autres pièces de la dramaturge, extrêmement poétique, presque musicale.

La dernière pièce de Sarah Kane, 4.48 Psychosis, pousse plus loin encore les limites de la forme théâtrale. Ecrite entre 1998 et 1999, elle est mise en scène par James Macdonald, le collaborateur de longue date de Sarah Kane, au Royal Court Jerwood Theatre Upstairs, après le suicide de la dramaturge. Celle-ci demeure alors très controversée. En septembre 1999, Simon Kane, son frère, doit faire face aux journalistes qui affirment que sa dernière pièce est une simple note de suicide. L'intérêt de la pièce ne réside pas dans le fait que Kane ait pu se cacher derrière les mots, ce qui serait un piège immense pour la compréhension de l'ouvrage, mais plutôt dans ce que ce texte fait résonner chez le spectateur.

Un certain nombre de critiques, qui détestaient le travail de Sarah Kane, adoucissent leurs articles:

"The clever ones have backtracked a long way since the days of Blasted, as the best critics once did [when] faced with the work of Osborne, Pinter, Bond." [ref 0-17]

Le théâtre de Sarah Kane n'est pas un théâtre sordide, mais plutôt un constat de la misère humaine, sans sensiblerie. Ses pièces évoquent un inconscient collectif insoutenable, une impuissance de donner à l'autre ce qu'il attend.

Aujourd'hui traduite et mise en scène dans de nombreux pays européens, Sarah Kane est devenue une auteur majeure du théâtre anglais contemporain.

Sarah Kane a également écrit le scénario du film Skin, réalisé par Vincent O'Connell et diffusé pour la première fois sur Channel 4, le 17 juin 1997, toutefois, on se penchera exclusivement sur ses pièces de théâtre. Sarah Kane Skin

La violence qui s'y trouve semble avoir été le moteur du déclenchement de la presse sur son travail. Où cette violence se situe-t-elle et pourquoi est-elle omniprésente dans son théâtre? Peut-on résumer Sarah Kane à une simple "jeune femme immature en colère" comme l'a fait la presse britannique?

Tout d'abord, on explorera la signification de la violence chez Sarah Kane. En effet, celle-ci est omniprésente, mais l'auteur semble également avoir un certain humour en parallèle. Quel est-il? De plus, il est capital de s'interroger sur le langage des corps et l'importance de la poésie dans l'écriture de la dramaturge.

On se penchera ensuite sur la forme des cinq pièces de Sarah Kane. Son écriture minimaliste fabrique de véritables climats de tension. De plus, l'auteur bouscule les conventions, et au-delà la violence, c'est certainement ce qui choque le plus dans son travail. Elle atomise véritablement ses personnages et détourne la forme, donnant à son théâtre une dimension universelle.

Enfin, si Sarah Kane est quelquefois taxée d'immature, la dramaturge développe pourtant un théâtre bien à elle, qui trouve ses racines dans des œuvres aussi riches et diverses que la Bible, les œuvres de William Shakespeare, ou de nombreux autres auteurs anglo-saxons et étrangers. Il me paraît donc intéressant de considérer également les sources d'inspirations de l'artiste pour mieux appréhender son théâtre.

 

Liste des abbreviations

Kane, Sarah, Complete Plays: Blasted.
Methuen Publishing Ltd., 2001, p1-62
BL
Kane, Sarah, Complete Plays: Blasted.
Methuen Publishing Ltd., 2001, p63-104
PH
Kane, Sarah, Complete Plays: Blasted.
Methuen Publishing Ltd., 2001, p105-152
CL
Kane, Sarah, Complete Plays: Blasted.
Methuen Publishing Ltd., 2001, p153-202
CR
Kane, Sarah, Complete Plays: Blasted.
Methuen Publishing Ltd., 2001, p203-246
PS

 

© Emilie Gouband 2002
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